vendredi 8 mai 2009

2252 - l'autre "Canon de Paris"

... comme cela a déjà été le cas avec les mortiers Bertha de 420mm, l'apparition des Lange Max puis des Wilhelm-Geschütz va à nouveau inciter l'État-major français à réclamer d'urgence à Schneider la livraison de semblables armes.

Peu importe à nouveau l'efficacité réelle de ces canons à longue et très longue portée, ou leurs inconvénients non moins réels : si les Allemands possèdent de telles pièces d'artillerie, alors les Français se doivent d'en posséder eux aussi, et même de plus grosses.

Naturellement, et comme cela a déjà été le cas avec la réplique française aux Bertha, l'étude et la réalisation d'un "Canon de Paris"... français s'avèrent bien plus coûteuses, bien plus complexes et bien plus longues que prévu, en sorte que de concret n'en est encore sorti à la signature de l'Armistice de novembre 1918

Le retour de la Paix, la simple logique, ou encore l'examen des résultats concrets et pour le moins mitigés des "Canons de Paris" allemands, devraient inciter les autorités à jeter l'éponge, mais l'obstination du Maréchal Foch emporte la décision du gouvernement qui, tout au long des années 1920, va continuer, mais dans le plus grand secret, à financer les travaux de Schneider

Fidèle à une tradition longuement éprouvée, l'État-major a dès le départ exigé un canon sur voie ferrée, bien plus facile à mettre en oeuvre que les canons allemands qui ne peuvent voyager qu'en pièces détachées et qui exigent un temps infini pour être remontés sur place et sur un site spécialement aménagé.

En 1924, les différents tests menés par Scheider aboutissent enfin à un matériel - le 340/224TLP (pour Trés Longue Portée) - qui, sur le papier, semble répondre aux exigences des militaires.

Fort semblable, et pour cause, au "Canon de Paris", le 340/224TLP tire un obus de 140 kilos et de 224mm (contre 110 kilos et 210mm pour le canon allemand) qui jaillit lui aussi à très forte vitesse initiale (1 500 mètres/seconde contre 1 600) d'un tube de 34 mètres de long (contre 36) haubané sur toute sa longueur.

Cette longueur exceptionnelle interdisant la plupart des courbes à la plateforme ferroviaire, une solution élégante est rapidement trouvée, sous la forme d'un tube-allonge d'une dizaine de mètres, voyageant à l'avant du canon sur sa propre plateforme, et qu'il suffit d'insérer dans le tube principal du canon peu avant le tir.

Les essais, menés de 1929 à 1931, permettent d'atteindre des portées d'environ 120 kilomètres, donc semblables à celles obtenues par les Allemands plus de dix ans auparavant,... mais au prix d'une usure encore plus spectaculaire puisque le tube est totalement hors-service après seulement 35 coups (contre 65 chez les Allemands)

A cette date, il y a déjà bien longtemps que l'avion est en mesure de délivrer une charge militaire plus importante, à une distance bien supérieure, en sorte que le 340/224TLP, désormais incapable d'encore tirer un seul obus, est simplement mis en réserve et oublié jusqu'en 1939.

Envisagé durant la "drôle de guerre", le remplacement de son canon n'aboutira jamais et, à l'arrivée des Allemands, en juin 1940, le plus long canon français de tous les temps disparaît dans l'indifférence générale...

2 commentaires:

  1. Anonyme3:37 a.m.

    Je ne connaissait pas cette arme. Vous sortez souvent des anecdotes tel un vrai magicien :)

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  2. Frédéric5:53 a.m.

    C'est la première pièce d'artillerie à utiliser un obus à base rétreinte . Spécialité française à l'époque avec la balle Dessaleux mais les contraintes ne sont pas les même entre du 8 mm Lebel et du 240 en plus les allemands sont bien meilleur chimistes d'où des poudres moins agressives pour les tubes .

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