samedi 30 septembre 2006

1301 - mention passable

... De tous les tanks anglo-britanniques livrés à l'URSS pour servir sur le Front de l'Est, le Sherman américain est assurément celui qui y fut le plus efficace, même s'il ne souleva jamais l'enthousiasme de ses utilisateurs.

Sur le terrain, l'engin n'apportait évidemment rien plus par rapport au T-34, et manquait même autant de punch que de protection. Ses seuls atouts résidaient dans sa grande fiabilité mécanique et dans une maniabilité supérieure aux tanks allemands.

Né en août 1940, et entré en service en 1942, le Sherman était à l'évidence inutilement haut (3,40m), trop léger (30 tonnes) et trop faiblement armé (un canon de 76mm) pour affronter des Panther de 45 tonnes ou des Tiger de 70 tonnes, équipés de canons bien plus puissants que le sien.

En Europe, l'US Army elle-même dut reconnaître qu'il fallait en moyenne cinq Sherman pour détruire un seul Panther, et qu'en 1944, un seul Tigre isolé était parvenu à détruire 25 Sherman avant d'être lui-même mis hors de combat (!)

Plus de 2 000 d'entre eux furent néanmoins mis en service par l'URSS, et utilisés jusqu'à la fin de la guerre, avec des résultats qui, sans être particulièrement brillants, n'en furent pas moins honorables et contribuèrent à la victoire finale...

vendredi 29 septembre 2006

1300 - une guerre de retard

... Dans l'entre-deux guerres, les États-majors de tous les pays s'étaient longuement interrogés sur le rôle qui serait dévolu aux tanks dans les guerres du futur.

Si la plupart continuaient à ne voir en eux que de simples véhicules avant tout destinés à soutenir l'infanterie, donc en tirant à faible distance des obus à haute teneur en explosifs, d'autres en étaient venus à imaginer des batailles rangées entre tanks adverses, qui nécessiteraient au contraire que ces derniers soient équipés de canons véritablement anti-tanks, tirant à grande distance des obus perforants.

Pour résoudre ce dilemme, certains (comme les Allemands avec les Panzers III et IV) décidèrent de construire deux modèles de tanks différents. D'autres (comme les Français avec le char B1) d'installer deux canons différents dans le même tank, le premier destiné au soutien de l'infanterie, et le second à la lutte contre les tanks adverses.

Le M3 Lee/Grant américain relevait de cette philosophie. Séduisante sur le papier, la formule à deux canons (un 75mm dans la casemate avant et un 37mm sous tourelle) montra très vite ses inconvénients, en particulier parce qu'elle compliquait terriblement le design du véhicule et lui imposait une silhouette massive ainsi qu'une hauteur record (1), gages d'une grande vulnérabilité au combat.

Les plaques de blindage rivetées, et désespérément verticales, n'offraient également qu'une protection illusoire : même lorsque le blindage n'était pas transpercé à l'impact, il arrivait fréquemment que le choc fasse sauter les rivets à l'intérieur du char, les transformant en autant de projectiles mortels pour l'équipage.

Plus d'un millier de M3 furent livrés à l'URSS, et y furent utilisés sans grand enthousiasme jusqu'en 1943...

(1) certaines versions disposaient même d'une tourelle supplémentaire, armée d'une mitrailleuse .30, installée au dessus de la tourelle du
37mm, et indépendante de celle-ci,... ce qui en augmentait encore la hauteur

jeudi 28 septembre 2006

1299 - waltzing Matilda

... Même si la propagande soviétique fit tout pour en minimiser l'importance, y compris dans l'après-guerre, la contribution anglo-américaine à la victoire soviétique à l'Est fut loin d'être négligeable.

De 1941 à 1945, pas moins de 450 000 véhicules (jeeps, camions, bulldozers, tanks, etc.) furent ainsi livrés à l'URSS dans sa lutte contre l'Allemagne, ceci sans même parler des milliers d'avions et des millions de tonnes de nourriture et de fournitures diverses.

Dans le domaine des tanks, la contribution alliée ne pouvait évidemment pas apporter grand-chose à un pays qui, avec le T-34, disposait déjà du meilleur tank du monde. Ceci n'empêcha pas les Russes d'utiliser, avec un certain succès, les quelques milliers de blindés fournis par les anglo-américains.

Le Matilda fut de ceux-là. Livré à un millier d'exemplaires à partir d'octobre 1941, il fut largement utilisé par les Soviétiques lors de la Bataille de Moscou.

Comme la plupart des chars britanniques, le Matilda de 26 tonnes était, pour son époque, très correctement blindé et relativement bien conçu. Ses handicaps étaient hélas ceux de tous les chars britanniques : une sous-motorisation chronique et un armement totalement insuffisant.

De fait, s'ils apprécièrent le blindage, ses utilisateurs soviétiques qualifièrent bientôt son canon (un modeste "2 pounder" de 40mm) de "totalement inutile"...

mercredi 27 septembre 2006

1298 - c'est dans les vieux pots...

... Du "Grille" (criquet) on pourrait dire qu'il se situait aux antipodes des complexes et monstrueux Brummbär et Sturmtiger.

La recette - extrêmement simple et peu coûteuse - consistait à ressortir un fois de plus l'increvable châssis d'un Panzer 38(T) ex-tchécoslovaque pour lui greffer un obusier de 150mm à peine abrité dans une casemate ouverte, fixée à même le châssis

Près de 400 tanks de ce type furent ainsi construits de 1943 à 1944 et largement employés sur le Front de l'Est, en soutien direct de l'infanterie.

D'autres versions, toujours conçues sur la même philosophie, furent réalisées sur châssis de Panzer III ou IV ou même Tiger réformés.

Bien que n'offrant pour ainsi dire aucune protection à leurs équipages, les Grille représentaient incontestablement la solution la plus économique au problème de l'appui-feu des troupes terrestres...

mardi 26 septembre 2006

1297 - à quoi bon ?

... Avec le recul du temps, on peut s'interroger sur les raisons qui poussèrent les ingénieurs allemands à concevoir le Sturmtiger et - surtout - à le mettre en service alors que sa raison d'exister avait tout simplement disparu.

Comme le Brummbär, le Sturmtiger était un canon d'assaut (ou plus exactement un mortier lance-missile) monté sur chenilles et destiné à appuyer l'action de l'infanterie en zone urbaine.

L'expérience de Stalingrad avait en effet démontré que les troupes engagées dans des combats de rues avaient fréquemment besoin d'une arme capable d'écraser les immeubles et les fortifications improvisées. Le problème était évidemment de leur faire parvenir cette arme au milieu de la ville et sous le feu ennemi.

Fondamentalement, le Sturmtiger était donc un (très) gros Brummbär, utilisant un invraisemblable mortier lance-roquette de 380mm installé sous une épaisse casemate rectangulaire, elle-même fixée sur un châssis de Tiger I réformé. Originellement destiné à la lutte anti sous-marine, le mortier était capable de tirer à plus de 5 000 mètres un projectile de 1,5 mètre de long et de 350 kgs, qui pouvait pénétrer plus de deux mètres de béton renforcé. Le tank était quant à lui protégé par des plaques d'acier atteignant 15cm à l'avant et 8cm sur les côtés, ce qui faisait bondir le poids total du véhicule à près de 70 tonnes.

Naturellement, la mise au point d'un tel monstre - qui ne fut construit qu'à 14 exemplaires (!) - prit énormément de temps en sorte que lorsqu'il fut enfin prêt à entrer en service, à l'été 1944, il y avait belle lurette que la Wehrmacht était passée de l'offensive à la défensive et n'avait donc plus besoin du Sturmtiger. Celui-ci fut néanmoins testé en août de la même année, pour réprimer l'insurrection de Varsovie. A cette occasion, la capitale polonaise fut rasée à plus de 85%, en partie du fait des deux (ou trois) Sturmtiger qui y furent engagés.

Après cela, les Sturmtiger retraitèrent au même rythme que les armées allemandes, et furent le plus souvent abandonnés sur le bord des routes par leurs équipages, faute d'essence ou suite à des problèmes mécaniques...

lundi 25 septembre 2006

1296 - le gros ours mal léché

... Pour procurer un soutien direct à l'infanterie, particulièrement en zone urbaine, les obusiers de gros calibre tirant à faible vitesse initiale des obus à haute teneur en explosifs étaient de loin préférables aux traditionnels canons anti-tanks.

Le problème était évidemment de parvenir à les amener à pied d'œuvre sans qu'ils soient au préalable détruits par le feu de l'artillerie adverse, ou même par ses fantassins. La disponibilité d'un grand nombre de châssis de tanks plus ou moins démodés convainquit les ingénieurs allemands d'installer de tels obusiers (en calibre 150mm) sur des châssis de Panzers IV qui, en théorie du moins, leur apporteraient ainsi la mobilité qui leur faisaient cruellement défaut.

Baptisé Brummbär, et construit à moins de 300 exemplaires à partir du printemps 1943, l'engin fut loin de constituer une franche réussite. Le poids et le recul du canon exerçaient en effet de sévères contraintes sur le châssis, et la casemate aussi massive que désespérément verticale en faisait une cible de choix même pour l'artilleur le plus myope.

Nonobstant ces handicaps, la puissance de feu impressionnante et rapidement disponible représentait un sérieux atout pour l'infanterie allemande, mais néanmoins insuffisante pour contrebalancer la simple loi du nombre...

dimanche 24 septembre 2006

1295 - Sturmgeschütz

... Dès 1935, le colonel - et futur général - Erich von Manstein avait réalisé l'intérêt de doter la Wehrmacht d'un "canon d'assaut" qui pourrait directement accompagner et supporter les troupes au combat plutôt que de traîner derrière elles, à la remorque d'un camion ou d'un attelage de chevaux.

En dépit du scepticisme de ses supérieurs, Manstein finit par obtenir gain de cause. En 1937, les premiers exemplaires de cette nouvelle arme, le Sturmgeschütz III (monté sur un châssis de Panzer III) firent leur apparition. D'un poids équivalant au Panzer III (24 tonnes) mais beaucoup moins haut du fait de la suppression de la tourelle, le Sturmgeschütz entra en guerre avec un obusier de 75mm tirant à faible vitesse initiale un projectile à haute teneur en explosifs, inefficace contre les tanks adverses, mais fort utile pour soutenir l'infanterie dans sa progression.

Le déclenchement de l'Opération Barbarossa, et la découverte des premiers T-34 russes, modifièrent radicalement les missions dévolues au Sturmgeschütz. Rééquipé à partir du printemps avec un canon de même calibre mais à haute vitesse initiale, le Sturmgeschütz abandonna l'essentiel de son rôle de soutien d'infanterie pour devenir chasseur de chars.

Construit à plus de 10 000 exemplaires (auxquels il convient d'ajouter un bon millier de Sturmgeschütz IV fort semblables mais sur châssis Panzer IV), le Sturmgeschütz servit l'armée allemande sur tous les fronts, et particulièrement à l'Est, jusqu'à la capitulation.

samedi 23 septembre 2006

1294 - rikiki mais maousse costaud

... De tous les blindés imaginés par les ingénieurs allemands pour contrer la menace des T-34 russes, le Hetzer fut sans doute le plus efficace, et dans tous les cas celui offrant le meilleur rapport qualité/prix.

Dès l'invasion de la Tchécoslovaquie, en 1938, les Allemands avaient pris la mesure des grandes qualités du petit char 38-LT qui, rebaptisé Panzer 38(T) avait accompagné la progression de leurs troupes en Pologne, en France, puis en Union Soviétique.

Sur le Front de l'Est, ce petit véhicule avait néanmoins rapidement montré ses limites, ce qui avait incité ses utilisateurs allemands à le retirer du service actif, mais à conserver son excellent châssis pour le transformer en canon d'assaut ("Grille") ou en chasseur de char à casemate ouverte ("Marder III")

En avril 1944, il fut décidé d'aller plus loin encore, en réalisant cette fois un chasseur de char à casemate fermée, sur le modèle des JagdPanther et JagdPanzer. Par rapport à ces derniers, qui étaient lourds, complexes et coûteux à produire, le Hetzer conservait toutes les qualités de compacité et de simplicité de son lointain ancêtre.

Avec un maximum de 60mm à l'avant, le blindage, bien que fortement incliné, n'était certes le point fort du Hetzer. Mais avec un poids total d'à peine 16 tonnes, et une hauteur à peine supérieure à 2 mètres, l'engin s'avérait minuscule, donc très difficile à repérer et à détruire
sur le champ de bataille, alors que son canon antichar de 75mm lui permettait d'affronter n'importe quel tank soviétique ou occidental.

Très apprécié par ses équipages, construit à près de 2 600 exemplaires, et largement utilisé dans l'après-guerre (en particulier en Suisse), le Hetzer, bien que né tchécoslovaque, fut indubitablement une des meilleures recrues de l'armée allemande...

vendredi 22 septembre 2006

1293 - le Panzer au long nez

... Mis en service à près de 2 000 exemplaires à partir de 1944, le JagdPanzer IV se voulait réponse aux deux principales faiblesses du Nashorn : une hauteur excessive, et un habitacle ouvert, qui rendaient l'équipage très vulnérable au feu de l'artillerie ennemie.

Conçu lui aussi sur un châssis de Panzer IV, le JagdPanzer, construit à environ 2 000 exemplaires, était autrement plus élaboré - donc plus difficile à construire - que le Nashorn, et s'apparentait en vérité aux véritables chasseurs de chars comme le JagdPanther ou le JagdTiger.

Le canon de 75mm était installé tout à l'avant du char, et formait un énorme porte-à-faux qui handicapait gravement le véhicule lors du franchissement des tranchées.

L'habitacle fermé, et la hauteur très réduite de l'ensemble, augmentait néanmoins sa survivabilité mais n'apportait pas davantage de réponse aux handicaps fondamentaux des tanks "sans tourelle", à savoir la vulnérabilité aux attaques menées de côté ou de l'arrière, et l'absence de toute protection en cas de retraite précipitée.

Rétrospectivement, et considérant le fait que le JagdPanther remplissait exactement les mêmes rôles, on ne peut que donner raison au général Guderian, qui s'était opposé à la construction du JagdPanzer, n'y voyant qu'un gaspillage de ressources...

jeudi 21 septembre 2006

1292 - sous stéroïdes

... Mis en service à près de 500 exemplaires à partir de 1943, le Nashorn ("rhinocéros") ressemblait à un Marder qui aurait usé et abusé de stéroïdes anabolisants.

La conception générale (un canon à l'avant dans une casemate ouverte) était strictement semblable, mais construit sur le châssis plus large d'un Panzer III ou IV, le Nashorn était évidemment plus gros, plus haut et plus lourd (24 tonnes) que le Marder d'origine,... donc encore plus vulnérable que lui au feu de l'artillerie ennemie (1), ce que ne compensait que partiellement le montage d'un canon plus puissant, en l'occurrence le redoutable 88mm anti-char.

Tout comme le Marder, l'engin s'avérait néanmoins efficace contre les blindés russes mais ne constituait lui aussi qu'une solution de fortune dans l'attente d'un remplaçant mieux protégé...

(1) le record de puissance - et de vulnérabilité - fut sans doute atteint par le M12 américain de 1942, dont le canon de 155mm (datant de la Première Guerre mondiale mais capable de pulvériser n'importe quel tank allemand de la Seconde) était simplement fixé sur le châssis d'un M3 Lee/Grant, sans la moindre casemate ni protection pour l'équipage

mercredi 20 septembre 2006

1291 - ersatz

... Dès les premières semaines de la guerre à l'Est, il devint évident que le T-34 russe surclassait ses rivaux allemands, particulièrement en blindage et puissance de feu.

Pour contrer cette menace inattendue, l'idéal était évidemment de concevoir et de mettre en service de nouveaux modèles de tanks, mais il faudrait plusieurs années avant que ces derniers parviennent au Front.

On pouvait aussi tenter d'améliorer le blindage et l'armement des tanks existants, ce qui fut notamment réalisé, avec un certain succès, sur le Panzer IV. Mais le plus simple et le plus rapide était encore de réutiliser les châssis de centaines de chars existants et désormais obsolètes - comme les Panzer I, II et 38(T), en leur greffant un plus gros canon.

Il n'était évidemment pas question d'installer le canon dans une tourelle, dont la réalisation aurait pris trop de temps et qui, dans la plupart des cas, se serait de toute façon avérée bien trop volumineuse pour les châssis. Ces tanks "reconstruits" seraient nécessairement sans tourelle, et même - toujours pour gagner du temps et du poids - avec le canon simplement installé dans une casemate ouverte, fixée à l'avant ou à l'arrière du tank.

Ainsi naquirent les Marder I, II et III, respectivement reconstruits sur des châssis de Tracteur Blindé 37L français capturés (170 exemplaires), Panzer II (576 exemplaires) ou Panzer 38(T) (près de 2 000 exemplaires). Dans tous les cas, l'armement se composait d'un canon anti-char soviétique de 76mm (dont des milliers d'exemplaires avaient été abandonnés par les Russes et remis en service par les Allemands) ou de son équivalant allemand de 75mm.

Avec eux, la Wehrmacht disposait enfin, et pour un coût modique, d'engins capables de détruire les tanks russes à des distances "raisonnables".

Pour autant, les Marder n'étaient jamais que des ersatz de chars de combat qu'on utilisait faute de mieux. En effet, si leur puissant armement leur permettait à présent d'affronter n'importe quel char soviétique, en contrepartie, leur absence presque totale de blindage, et leur habitacle ouvert, les rendaient vulnérables au tir de n'importe quel canon ennemi, fut-il de petit calibre...

mardi 19 septembre 2006

1290 - transfuge involontaire

... avant-guerre, la Tchécoslovaquie avait étudié et mis en service le LT-38, un petit blindé léger doté d'un puissant (pour l'époque) canon de 37mm anti-tank.

Ayant envahi la Tchécoslovaquie en 1938, les Allemands mirent tout naturellement la main sur un important stock de blindés de ce type, mais aussi sur les machines et ateliers capables de les fabriquer.

Considérablement plus efficace que les Panzer I et II alors en service, l'engin fut rapidement adopté par l'armée allemande et rebaptisé Panzer 38(T). Plusieurs centaines d'entre eux furent utilisés, avec succès, en Pologne, en France, mais aussi en Russie, au déclenchement de l'Opération Barbarossa.

En Russie, toutefois, la faiblesse du canon de 37mm, et surtout celle du blindage, composé de panneaux verticaux rivetés, devint rapidement criante. Le design général, et la petite taille de la tourelle, ne se prêtant pas à d'importantes améliorations, ni à l'implantation d'un canon plus gros, le transfuge tchécoslovaque fut progressivement retiré du service.

En revanche, son châssis, unanimement considéré comme excellent, allait servir tout au long de la guerre pour différents modèles de canons automoteurs et de chasseurs de chars "sans tourelle", et en particulier au remarquable Hetzer...

lundi 18 septembre 2006

1289 - un Elefant, ça trompe énormément

... au début de son règne, Adolf Hitler avait financé les Auto-Union de compétition de Ferdinand Porsche, qui triomphèrent sur tous les circuits d'Europe. En 1934, le dictateur, qui lui-même ne roulait qu'en Mercedes, avait demandé à ce même Ferdinand Porsche de concevoir une "voiture du peuple" - la future coccinelle - qui, afin d'être vendue à chaque Allemand pour moins de 1 000 Reichsmarks, devait nécessairement être légère, simple à construire, et économe en carburant, avec 7 litres au 100 kilomètres.

Le déclenchement de la guerre, en septembre 1939, mit hélas un terme à ce projet, qui ne fut repris qu'une dizaine d'année plus tard. Le Reich millénaire avait maintenant d'autres besoins, et en particulier celui de construire des tanks. En 1941, Ferdinand Porsche se retrouva donc à concevoir des tanks pour l'usine de blindés Nibelungenwerk Steyr-Daimler-Puch, et l'on aurait pu s'attendre à ce qu'il y invente non seulement les meilleurs blindés du monde, mais aussi les plus simples à produire, et les plus économiques à l'usage.

Ce fut tout le contraire : au fil des années, Ferdinand Porsche ne cessa de réaliser des tanks de plus en plus lourds, de plus en plus complexes, et si peu capables d'affronter la réalité des combats que ses commanditaires durent souvent en confier la réalisation à d'autres, ou en reprendre carrément l'étude.

Ainsi, lorsqu'il fallut doter la Wehrmacht d'un nouveau char lourd muni d'un canon de 88mm - le futur Tiger I - on se tourna tout naturellement vers Porsche... avant de réaliser que le prototype proposé par Henschel était beaucoup plus facile à construire, et beaucoup plus simple mécaniquement.

Convaincu d'emporter le marché, Porsche avait déjà lancé la fabrication d'une centaine de châssis qui, du coup, se retrouvèrent sans emploi. Plutôt que de les envoyer à la ferraille, Porsche se vit offrir la possibilité de les réutiliser en transformant en chasseur de char "sans tourelle" son projet avorté de char lourd. Désormais muni d'une casemate fixe implantée à l'arrière du véhicule, et ironiquement baptisé "Elefant" par ses équipages, le nouveau blindé de 70 tonnes fut lancé dans la bataille à Koursk.

Bien que raisonnablement efficace contre les blindés russes, l'Elefant conservait - en les amplifiant - les handicaps traditionnels des engins du même type, soit une trop grande vulnérabilité sur les côtés et vers l'arrière, et l'absence de tout moyen de défense en cas de retraite précipitée. Sa silhouette beaucoup trop haute, et sa trop grande complexité mécanique (avec une transmission électrique) le condamnaient de toute manière à un rôle purement symbolique sur le Front de l'Est...

dimanche 17 septembre 2006

1288 - carrément obèse

.. si le "JagdPanther" fut une réussite totale que l'Allemagne ne put hélas produire en assez grand nombre, le "JagdTiger" fut en revanche un désastre tout aussi total, que l'on s'échina pourtant à vouloir mettre en production, et même à aligner sur le terrain.

Présentée à Hitler en octobre 1943, la maquette enthousiasma le Führer, comme d'habitude fasciné par les projets hors normes. La recette de base était fondamentalement la même que pour le JagdPanther et tant d'autres chasseurs de chars : elle consistait pour l'essentiel à transformer un char existant - en l'occurrence le nouveau Tiger II - en chasseur de chars, en supprimant la lourde et encombrante tourelle et en installant un canon de plus fort calibre sous une casemate fixe.

Mais les ingrédients, et la manière de les lier, donnèrent cette fois naissance à un monstre bien trop encombrant pour affronter la réalité des combats, et mécaniquement très fragile.

Sur le JadgTiger, la suppression de la tourelle ne se traduisit nullement - ce qui était tout de même un comble - par une quelconque diminution de la hauteur du véhicule : les ingénieurs allemands se contentèrent en effet, sans doute pour gagner du temps, de construire une casemate fixe à l'emplacement exact de la tourelle initiale (!) De fait, à 3,10 mètres, la hauteur du JagdTiger était en tout point identique à celle du Tiger II, et supérieure de 60 centimètres à celle du JagdPanther.

Bien qu'extrêmement puissant, le canon de 128mm installé sous cette casemate était, du fait de sa disposition, sévèrement limité en débattement latéral, ce qui imposait donc de faire tourner le tank entier, et non plus le canon seul, vers l'objectif. Mais ce handicap, commun au JagdPanther et à tous les chasseurs de chars dépourvus de tourelle, était considérablement aggravé dans le cas du JagdTiger, à cause de son poids très excessif.

Faire régulièrement riper sur place une masse de plus de 70 tonnes s'avérait en effet une contrainte insupportable pour une transmission et un moteur déjà trop fortement sollicités sur le Tiger II à tourelle ordinaire : bien plus que les tirs ennemis, ce furent tout bonnement les pannes mécaniques qui eurent le plus souvent raison des quelque 80 JagdTiger que l'Allemagne eut le temps de fabriquer avant la capitulation...

samedi 16 septembre 2006

1287 - félin de chasse

... à l'été 1942, décision fut prise d'extrapoler un nouveau chasseur de chars sur la base de l'excellent "Panther" que MAN était alors occupé à réaliser pour le compte de la Wehrmacht.

La suppression de la lourde et encombrante tourelle au profit d'un simple glacis à l'avant permit non seulement d'abaisser la hauteur de l'engin de 50cm (2.5m au lieu de 3m), mais aussi d'augmenter le blindage et de remplacer le canon de 75mm d'origine par le beaucoup plus redoutable 88mm, le tout sans augmenter le poids du véhicule, qui resta donc d'environ 45 tonnes.

Élégant et redoutablement efficace, le "JagdPanther" se tailla rapidement un palmarès impressionnant, en particulier sur le Front de l'Est, où il fut employé en grand nombre. Très populaire chez les tankistes allemands, l'engin, aussi efficace que le Tiger en puissance pure, et bien plus facile à dissimuler aux regards des aviateurs alliés, aurait été l'arme idéale si laproduction avait en mesure de satisfaire la demande.

Hélas pour l'Allemagne, c'est au compte-gouttes que les JagdPanther sortirent des usines, il est vrai accaparées par des programmes plus grandioses. Initiée en décembre 1943, la production mensuelle, prévue pour 150 exemplaires, n'atteignit son maximum qu'en janvier 1945, avec... 72 exemplaires seulement

Au final, on construisit moins de 450 exemplaires d'un engin qui, entré en service trop tard et en trop petit nombre, ne pouvait plus rien faire pour bouleverser le cours d'une guerre depuis longtemps perdue par l'Allemagne...

vendredi 15 septembre 2006

1286 - un roi déchu

... Le Tiger I était à peine en production que les ingénieurs allemands s'attaquaient déjà à son successeur, qu'ils voulaient encore plus "kolossal" que le premier.

L'expérience des combats aurait dû les convaincre qu'ils perdaient leur temps avec ces engins bien trop gros, impossibles à soustraire aux attaques aériennes, et que la réalité d'une Allemagne au bord de l'effondrement empêcherait de toute manière de produire en masse. Mais en Aviation comme en matière de blindés, les Allemands, submergés par le nombre, avaient-ils vraiment d'autre choix que d'espérer la venue d'un "engin miracle" dont les qualités supérieures, pour ne pas dire surnaturelles, compenseraient à elles seules la cruelle loi du nombre ?

Quoi qu'il en soit, le Tiger II, ou Koenigstiger, mis en production à l'été 1944, reprenait l'essentiel des caractéristiques qui avaient fait de son aîné la terreur des tankistes alliés, à commencer par son célèbre canon de 88mm, et un blindage certes très efficace mais entraînant un surpoids encore plus conséquent que sur le Tiger I : la facture atteignant cette fois 70 tonnes au lieu des 55 du Tiger I pourtant unanimement considéré comme trop lourd (!)

Déjà à la limite dans les Tiger I de 55 tonnes et les Panther de 45 tonnes, le moteur Maybach de 700 CV était véritablement à l'agonie dans la lourde caisse du Koenigstiger. La fiabilité était donc particulièrement médiocre. A cette fragilité mécanique s'ajoutait la quasi impossibilité de dissimuler pareil monstre aux regards d'aviateurs alliées toujours plus nombreux dans le ciel, et bombardant systématiquement tout ce qu'ils voyaient bouger sur les routes.

A l'instar des Tiger I, les Koenigstiger étaient utilisés en petits groupes de quatre ou cinq blindés, qui parvenaient généralement à stopper l'ennemi, voire à créer une percée dans ses rangs. Hélas, ce résultat n'était jamais que de courte durée, tant la disproportion entre les forces en présence était devenue flagrante.

Venait alors l'inévitable moment de battre en retraite, un exercice toujours délicat pour le Koenigstiger, handicapé par sa faible vitesse, sa piètre fiabilité, et sa consommation gargantuesque. A la fin de la guerre, il n'était pas rare de rencontrer des Koenigstiger intacts, que leurs équipages avaient dû abandonner par manque d'essence ou sur problème mécanique

Au total, moins de 500 exemplaires de ce formidable tank furent produits, dont les derniers exemplaires défendirent Berlin assiégée, avant de succomber sous le simple poids du nombre...

jeudi 14 septembre 2006

1285 - la panthère noire

... En avril 1942, les ingénieurs de MAN, toujours à la recherche d'une solution pour contrer les T-34 russes, firent approuver les plans d'un nouveau char de combat - baptisé "Panther" - dont les premiers exemplaires furent testés en septembre de la même année.

Avec son blindage raisonnablement incliné, et son puissant canon de 75mm, le Panther était un engin formidable, qui ne le cédait en rien au T-34, et qui, au combat, força régulièrement les Sherman américains à se mettre à trois ou quatre pour en venir à bout. Mais pour en arriver à un tel résultat, ses concepteurs n'avaient eu d'autre choix que de laisser s'envoler le poids de l'ensemble qui, à 45 tonnes, s'avérait plus gros et surtout 10 tonnes plus lourd que le T-34, de performances équivalentes.

Pareille masse n'allait pas sans poser d'importants problèmes, en particulier au moteur Maybach qui, malgré ses 700 CV, peinait à propulser l'engin, et surchauffait dangereusement.

Hitler, qui voulait absolument en disposer pour la nouvelle offensive qu'il se promettait de lancer au printemps 1943, insista pour que le Panther entre immédiatement en production, à raison de 600 exemplaires par mois (1)

En vain lui fit-on remarquer que la bête n'était pas prête et manquait terriblement de mise au point. Comme d'habitude, le Führer s'entêta et, comme d'habitude, le résultat de cet entêtement se traduisit par un désastre : à Koursk, en juillet, la plupart des Panther tombèrent tout simplement en panne sur la route qui les amenait du chemin de fer au front. Et les rares exemplaires qui survécurent à la bataille et à la défaite allemande durent carrément être renvoyés chez MAN pour y être reconstruits..

Finalement guéri de ses maladies de jeunesse, l'engin fit merveille sur le Front Ouest, face à des adversaires il est vrai très inférieurs. Sur le Front de l'Est, la réalité fut quelque peu différente : sa suspension à roulements entrelacés, au demeurant très efficace et confortable en terrain accidenté, y conserva en effet jusqu'au bout sa détestable propension à geler en hiver, ce dont profitèrent bien évidemment les tankistes soviétiques, qui s'efforçaient toujours d'attaquer à l'aube, lorsque les équipages de Panther (mais aussi des Tiger semblablement suspendus) étaient encore occupés à dégager à la masse les roues extérieures de leur tank, pour enlever la neige et la glace qui s'étaient accumulés entre les roulements...

(1) la production prévue de 600 exemplaires par mois ne fut jamais atteinte, bien que la production totale atteignit tout de même le chiffre respectable de 5 000 exemplaires

mercredi 13 septembre 2006

1284 - surcharge pondérale

... dès 1937, l'armée allemande avait réclamé l'étude d'un tank lourd d'une trentaine de tonnes pour ses divisions blindées. Mais du fait de l'entrée en service des Panzer III et IV, et de leur relatif succès lors la Campagne de France, rien de véritablement convainquant n'en sortit avant 1941, lorsque les insuffisances des Panzers face aux tanks russes ramenèrent le char lourd sur le devant de la scène.

Porsche et Henschel furent alors consultés pour réaliser un tank dont le poids, à 55 tonnes, avait pratiquement doublé par rapport au projet initial. Le prototype de Porsche rapidement écarté (il devait néanmoins donner naissance au catastrophique chasseur de chars Elefant), Henschel fut alors désigné pour construire le nouveau tank, baptisé Tiger, dont la fabrication en série débuta en août 1942.

Avec son formidable canon de 88mm à haute vitesse initiale (1), le Tiger I était alors le plus puissant char du monde. Mais sa masse - liée en grande partie à l'usage de plaques de blindage toujours aussi désespérément verticales - le handicapait considérablement sur le champ de bataille, et le rendait très vulnérable aux attaques aériennes, en plus d'exercer une fâcheuse influence sur la fiabilité du moteur Maybach qui, malgré ses 700 CV, peinait à le mouvoir.

En raison de son poids, le Tiger I ne pouvait de surcroît emprunter la plupart des ponts de l'époque, et il était si large qu'il fallait carrément le décheniller et lui ôter ses roues externes avant de le hisser sur les plate-formes de chemin de fer...

Quant à sa suspension, fort semblable à celle du plus léger Panther, elle manifestait, comme sur ce dernier, la même tendance à geler dans l'hiver russe, au grand désespoir des équipages, qui ne pouvaient qu'envier la simplicité d'entretien du T-34 soviétique.

L'ensemble de ces limitations finit par entraîner la mort du Tiger I, dont la production fut arrêtée en 1944, après 1 300 exemplaires seulement.

(1) le canon de 88mm était à l'origine un canon anti-aérien

mardi 12 septembre 2006

1283 - acharnement thérapeutique

... Très similaire au Panzer III, et régulièrement confondu avec lui, le Panzer IV avait été conçu, dès 1935, comme char de soutien pour les divisions blindées allemandes. Dix ans plus tard, il était toujours en production et représentait encore la plus grande partie de ce qui restait de l'arme blindée allemande qui, en 1939, était partie à la conquête du monde.

Plus que les qualités intrinsèques de l'engin, ce fut l'absence de véritable remplaçant qui justifia son maintien en production, dans des conditions qui relevaient de plus en plus de l'acharnement thérapeutique.

Notoirement inférieur aux blindés russes en 1941, le Panzer IV connut une seconde jeunesse à partir de 1942, avec le remplacement de son obusier de 75mm par un canon long de même calibre qui, sur ce plan du moins, le rendait enfin comparable au T-34 russe.

Sur le domaine du blindage, en revanche, le design général, avec ses panneaux désespérément verticaux, ne se prêtait guère à d'importantes améliorations, lesquelles consistèrent, pour l'essentiel, à ajouter des plaques supplémentaires, parfois fixées sous formes de "jupes" le long des flancs ou tout autour de la tourelle.

Sur le Front de l'Ouest, face aux blindés américains et britanniques pas mieux armés ni protégés que lui, le Panzer IV demeurait un adversaire redoutable. A l'Est, il était régulièrement surclassé par ceux de l'Armée rouge, ce qui n'empêcha pas ses utilisateurs de combattre jusqu'au bout, ni la production de dépasser les 9 000 exemplaires, sans même parler des dérivés chasseurs de chars et canons automoteurs utilisant le même châssis, comme le JagdPanzer IV ou le Brummbär...

lundi 11 septembre 2006

1282 - III ou IV ?

... à eux deux, les Panzers III et IV résument toutes les errances de la pensée allemande en matière de blindés

En 1935, les planificateurs allemands, sous l'impulsion du général Guderian, en étaient venus (tout comme les Britanniques), à la conclusion - erronée - que les guerres futures nécessiteraient deux types de blindés différents.

Le premier - le Panzer III - serait doté d'un canon anti-char de 37 ou 50mm, donc surtout destiné à combattre les tanks ennemis. Le second - le Panzer IV - serait quant à lui équipé d'un obusier de 75mm tirant à faible vitesse initiale un projectile à haute teneur en explosifs, inefficace contre les tanks adverses, mais fort utile pour soutenir l'infanterie dans sa progression.

En pratique, et à l'armement-près, les cahiers des charges de ces deux véhicules étaient à ce point identiques qu'ils entraînèrent la fabrication de deux blindés de poids (une vingtaine de tonnes chacun) et de formes si semblables qu'un œil non averti les confondait fréquemment.

La confusion s'accrut encore du fait de la réalité des combats et des modifications du temps de guerre : les Panzer III finissant leur carrière avec les mêmes obusiers que les Panzer IV alors que ces derniers reprenaient à leur compte la mission anti-char du Panzer III, en s'équipant d'un 75mm à haute vitesse initiale, surtout conçu pour la lutte contre les blindés ennemis.

Relativement efficaces au début de la guerre, les Panzer III avouèrent très vite leurs limites sur le Front de l'Est, où plus d'un millier d'entre eux furent engagés dès les premières semaines du conflit : leur canon de 50mm s'avérant incapable de détruire les T-34 et autres KV-1 russes, sauf à les engager quasiment à bout portant.

Bien que constamment amélioré durant la guerre, le Panzer III n'en demeura pas moins très inférieur à ses adversaires russes. A l'arrêt de la production, en 1943, près de 6 000 exemplaires étaient sortis des chaînes de montage.

Supplanté par le Panzer IV et, surtout, par les Panther et Tiger, le Panzer III n'en continua pas moins la guerre jusqu'à l'effondrement final du IIIème Reich : son châssis, débarrassé de la tourelle, continuant de servir de plate-forme au canon automoteur
Sturmgeschütz

dimanche 10 septembre 2006

1281 - ça, un tank ?

... dans l'imaginaire collectif, l'armée allemande de la 2ème GM est presque toujours synonyme de "Panzers", et ces derniers constamment associés à une mythique aura de (quasi) invincibilité.

Pourtant, et à l'exception des Italiens - véritablement hors concours - s'il fallait dresser un palmarès des blindés les plus mal foutus de la 2ème GM, on ne sait trop qui des Britanniques ou des Allemands remporterait la palme.

Tout avait (mal) commencé en 1934, à l'apparition du Panzer I, qui ne fut jamais qu'une auto-mitrailleuse chenillée, laquelle resta pourtant en service en tant que "tank" jusqu'en 1941. De l'avis-même de ses utilisateurs, cet engin de 5 tonnes était tellement médiocre que son successeur - le Panzer II - fut étudié avant même que les premiers exemplaires du Panzer I soient opérationnels.

Deux fois plus lourd - ce qui, avec 10 tonnes seulement ne voulait pas dire grand-chose - le Panzer II ressemblait tout de même à un véritable tank, n'était son blindage vertical quasi symbolique et, surtout, la présence d'un ridicule canon de 20mm tout juste bon à effrayer les moineaux.

Largement utilisé lors de la Campagne de France, ce char léger avoua très vite ses limites contre les blindés français, autrement plus lourds et mieux protégés, contre lesquels ses obus de 20mm, pourtant perforants, ricochaient avec une régularité désespérante.

Malgré ces considérables limitations, le Panzer II constituait encore une bonne part des effectifs des divisions blindées allemandes lors du déclenchement de l'Opération Barbarossa, à l'été 1941, bien qu'il y fut surtout cantonné à de simples opérations de reconnaissance.

Progressivement remplacé au sein des unités, ce tank complètement dépassé n'en resta pas moins en production jusqu'au début de 1943. Le châssis, débarrassé de sa tourelle, fut alors réutilisé pour une multitude de canons d'assaut et de chasseurs de chars autrement plus performants, comme le Marder ou le Wespe

samedi 9 septembre 2006

1280 - copier ou créer ?

... Pour les tankistes allemands engagés sur le Front de l'Est à l'été de 1941, le T-34 russe constituait assurément la surprise la plus désagréable. Le KV-1 disposait certes d'un blindage et d'un armement au moins aussi efficaces, mais il était très lourd, fort peu maniable et bien plus aisément repérable sur le champ de bataille.

Sitôt les premiers exemplaires du T-34 capturés, les ingénieurs allemands se précipitèrent pour les étudier et découvrirent alors avec consternation à quel point l'URSS, pourtant nation de "sous-hommes", disposait avec ses T-34 et KV-1, de tanks supérieurs à ceux de la "race des seigneurs".

Si l'artillerie allemande et ses canons de 88mm, les aviateurs allemands et leurs bombes, restaient néanmoins en mesure de neutraliser les tanks russes, et si le commandement soviétique lui-même multipliait les erreurs dans l'emploi de ses propres divisions blindées, il fallait à l'évidence produire de toute urgence un équivalant allemand au T-34.

Se posa alors la question de savoir s'il ne vaudrait pas mieux, tout compte fait, mettre l'orgueil national de côté et gagner de précieux mois en construisant tout simplement... des T-34 allemands (!)

L'idée n'était pas absurde en soi : dans sa progression, l'armée allemande avait mis la main non seulement sur des T-34 plus ou moins intacts, mais aussi sur d'importants stocks de canons, de pièces détachées et même de machines-outils destinées à la réparation ou à la production des T-34. Pour l'industrie allemande, la réalisation d'une simple copie n'avait donc rien d'impossible. Du reste, les divisions blindées allemandes utilisaient déjà des dizaines de T-34 russes capturés et remis en état en lieu et place de leurs Panzers endommagés ou détruits (1)

D'un autre côté, la fierté nationale, sans même parler des risques de confusion sur le champ de bataille, poussait vers une solution 100% allemande, dont la réalisation, hélas, prendrait nécessairement beaucoup plus de temps (2)

Dans l'intervalle, il allait bien falloir se battre avec ce dont on disposait, améliorer le matériel qu'il était possible d'améliorer,... et multiplier les ersatz...

(1) depuis l'apparition des tanks, lors de la 1ère GM, l'utilisation de tanks capturés chez l'ennemi a toujours été une pratique très courante parmi les belligérants. Aujourd'hui encore, les effectifs de l'armée israélienne comportent plusieurs centaines de chars T-54, T-55 ou T-62 arabes capturés, généralement convertis en transports de troupes...
(2) les Panther et Tiger, premiers tanks allemands véritablement capables d'affronter les T-34, n'apparurent qu'au printemps 1943,... soit deux ans plus tard.

vendredi 8 septembre 2006

1279 - quand l'idée est bonne...

... si l'URSS était championne du monde en matière de blindés, elle ne disposait dans l'avant-guerre d'aucun canon automoteur et devait donc, plus encore que l'armée allemande, se contenter de camions ou d'attelages de chevaux pour acheminer son artillerie sur le champ de bataille.

La découverte des premiers canons automoteurs allemands capturés donna tout naturellement des idées aux ingénieurs russes. En octobre 1942, il fut donc décidé de doter l'Armée rouge de véhicules de ce type. Pour gagner du temps, les Russes entreprirent, tout comme les Allemands, d'utiliser des tanks existants - en l'occurrence des chars légers T-70 - d'en supprimer la tourelle et d'y greffer directement un canon de campagne de 76mm simplement abrité, là encore selon l'exemple allemand, dans une casemate ouverte fixée à l'arrière du char.

En soi, l'engin, baptisé SU-76, n'était pas plus performant que ses rivaux allemands et souffrait, tout comme eux, des mêmes défauts, en particulier le manque de protection de l'équipage face aux tirs ennemis

Mais à la différence des canons automoteurs allemands, il fut quant à lui produit à plus de 25 000 exemplaires (!), un nombre véritablement astronomique et qui ne le céda d'ailleurs qu'à celui des T-34.

Ces chiffres de production incroyables, alliés à une démographie supérieure et à un mépris quasi-total à l'égard des pertes subies expliquent mieux que tout autre la raison pour laquelle Hitler ne pouvait que perdre la guerre à l'Est...

jeudi 7 septembre 2006

1278 - si son nez avait été moins long

... Utilisant le même châssis que l'IS-2 (lui-même largement dérivé du KV-1), l'ISU-122 reprenait la formule du chasseur de chars "sans tourelle" déjà popularisée par les SU-85, 100 et 122-P quant à eux montés sur un châssis de char T-34.

Comme ces derniers, l'ISU-122 en reprenait les avantages (construction simplifiée, important blindage facial) et les inconvénients (impossibilité de tirer sur les côtés ou vers l'arrière sans faire pivoter tout le véhicule, vulnérabilité certaine en cas de retraite précipitée)

Mais sur l'ISU, beaucoup plus lourd et massif que ses "petits cousins" SU, les inconvénients l'emportaient de loin sur les avantages.

Apparu à la fin de la guerre, l'ISU-122 était tout simplement devenu (tout comme le JagdTiger allemand), trop gros pour espérer servir efficacement en tant que chasseur de chars. Son puissant canon de 122mm restait assurément efficace contre les fortifications, mais sa silhouette massive et sa piètre maniabilité - encore aggravée par l'encombrement et le poids du canon implanté tout à l'avant - le rendait par trop visible.

Heureusement pour ses utilisateurs, l'effondrement complet de la résistance allemande, au début de l'année 1945, leur permit d'avancer jusque Berlin, et d'entrer dans la ville sans trop craindre les artilleurs et les aviateurs ennemis...

mercredi 6 septembre 2006

1277 - vous le voulez avec ou sans tourelle ?

... aujourd'hui totalement tombée en désuétude, la formule du chasseur de chars "sans tourelle" avait encore de nombreux partisans lors de la 2ème GM.

Fondamentalement, le chasseur de chars "sans tourelle" est tout bonnement un tank conventionnel dont on a - l'auriez-vous deviné - supprimé la tourelle pour la remplacer par une simple casemate placée à l'avant (ou parfois à l'arrière) du char et abritant un canon de fort calibre avant tout destiné à l'attaque des blindés ennemis.

Dans un tank conventionnel, la tourelle et son mécanisme d'entraînement constituent en effet des éléments complexes et toujours fort lourds. S'en affranchir permet donc, théoriquement, de simplifier la construction du véhicule, et donc de diminuer son prix de revient. Elle permet aussi, toujours théoriquement, de diminuer la hauteur totale du tank (donc sa visibilité aux artilleurs ennemis) et, à poids égal, d'accroître l'épaisseur de son blindage.

En revanche, elle limite presque complètement les débattements du canon, en particulier au plan horizontal. Dépourvu de tourelle, un tel chasseur de chars ne peut plus combattre ses adversaires que de face. Si la menace vient plutôt des côtés ou de l'arrière, il doit nécessairement pivoter sur lui-même, ce qui demande bien plus de temps que n'en prend la rotation d'une tourelle. Enfin, en cas de retraite précipitée, il se retrouve totalement désarmé et à la merci de ses adversaires.

C'est pourquoi, malgré d'incontestables succès, la formule fut presque partout abandonnée au lendemain de la 2ème GM, ce qui n'empêcha pas Russes et Allemands de l'employer tout au long de la guerre, et même de la produire à des dizaines de milliers d'exemplaires.

Du côté russe, les exemples les plus connus sont assurément les SU-85, SU-100 et SU-122-P, tous construits sur un châssis de char T-34, et ne différant que par le calibre de leur armement. Des engins certes efficaces, mais qui restèrent toujours dans l'ombre de leurs cousins conventionnels...

mardi 5 septembre 2006

1276 - la folie des grandeurs

... En février 1940, le char lourd KV-1 avait déjà démontré que si l'épaisseur de son blindage le rendait invulnérable aux canons finlandais, son poids excessif et sa piètre maniabilité constituaient de gros handicaps en terrain accidenté et dans les forêts.

Cela n'empêcha pourtant pas les Russes de tester une version encore plus massive, le KV-2.

En soi, le KV-2 n'était rien d'autre qu'un KV-1 dont la tourelle équipée d'un canon de 76mm avait été remplacée par une énorme boîte rectangulaire abritant un gros obusier de 152mm, destiné non pas au combat contre chars ou à l'accompagnement de l'infanterie, mais bien à l'écrasement des fortifications, et notamment à celles de la Ligne Mannerhein.

Avec pareil équipage, le KV-2 était non seulement 10 tonnes plus lourd, mais aussi 1 mètre plus haut que le KV-1. La tourelle, qui culminait à 3,3 mètres de hauteur et qui ne pouvait pivoter que sur sol plat (!) attirait d'autre part le feu de l'artillerie ennemie aussi sûrement qu'un aimant, en sorte que la production, qui n'avait certes pas apporté grand-chose à l'effort de guerre soviétique, cessa à la fin de 1941, après moins d'un millier d'exemplaires...

lundi 4 septembre 2006

1275 - le "tank de Staline"

... de l'IS-2 (pour Iosif Stalin), on a coutume de dire qu'il n'est en définitive qu'un dérivé du char lourd KV-1, apparu en 1940.

L'image est cependant réductrice, car bien que ressemblant assez fortement au KV-1 - en particulier au niveau du châssis - l'IS-2 n'en constituait pas moins un tout nouveau design, et même un véritable tour de force puisqu'avec lui, les Soviétiques étaient parvenus à créer un tank non seulement plus puissant et mieux protégé que le KV-1, mais pas plus lourd que lui.

La pièce de résistance de ce nouveau tank était incontestablement le formidable canon de 122mm, dont la cadence de tir était certes inférieure à celle du 85mm équipant les dernières versions du KV-1, mais qui était capable de pulvériser une coque de char Panther à 1 500 mètres.

Nécessairement plus lourd, ce nouveau canon réclamait lui aussi une tourelle agrandie, synonyme d'une nouvelle élévation de poids alors que les tankistes russes se plaignaient déjà amèrement de l'extrême pesanteur de leurs KV-1.

Pour maintenir ce poids dans les limites du KV-1, et même pour conférer à leur nouveau tank une meilleure résistance face aux Panther et Tiger allemands, les ingénieurs russes s'inspirèrent de la recette déjà bien éprouvée sur le T-34 : l'usage de plaques de blindage fortement inclinées offrait, à poids égal, une bien meilleure protection que sur le KV-1 en sorte qu'à la fin de 1944, l'Armée rouge disposait tout bonnement d'un véhicule sans équivalent sur le champ de bataille, qui fut produit à plus de 3 000 exemplaires...

dimanche 3 septembre 2006

1274 - bon second

... au début de la 2ème GM, seule l'URSS possédait, avec le KV-1, un char lourd (45 tonnes) véritablement digne de ce nom.

25% plus lourd que le T-34 (avec lequel il partageait pourtant le même canon de 76mm), le KV-1 était, pour son époque, un véritable monstre que les Soviétiques testèrent, dès février 1940, contre les forces finlandaises du maréchal Mannerheim.

Si le blindage - qui à l'avant atteignait 75mm - s'avéra efficace (aucun KV-1 engagé ne fut détruit par l'ennemi), le poids et l'encombrement du véhicule, ainsi que sa faible vitesse, n'en faisaient certes pas l'engin idéal sur un champ de bataille, ni a fortiori dans les forêts finlandaises, ce que le déclenchement de l'Opération Barbarossa confirma par la suite

A peu près invulnérable aux tanks allemands conventionnels, le KV-1 l'était en revanche à l'artillerie anti-chars de gros calibre (et en particulier au redoutable 88mm allemand) et, bien entendu, aux bombes d'avions auxquels il pouvait difficilement échapper, du fait de son énorme silhouette et de sa piètre maniabilité.

Sans atteindre la réputation du T-34 - qui fut produit à cinq fois plus d'exemplaires, sans même parler des dérivés - le KV-1 n'en continua pas moins de mener sa guerre sur le Front de l'Est.

En 1943, le besoin d'un canon plus puissant pour contrer les nouveaux Panther et Tiger allemands entraîna, comme sur le T-34, le remplacement du 76mm par un autre de 85mm, dans une nouvelle tourelle. Mais à ce stade, l'engin, rebaptisé KV-85, avait perdu l'essentiel de son intérêt : les ingénieurs planchant déjà sur son remplaçant - l'IS-2 - doté d'un armement infiniment supérieur...

samedi 2 septembre 2006

1273 - Sa Majesté le T-34

... dès son apparition lors de la 1ère GM, le tank fut perçu comme un véhicule avant tout destiné à accompagner la progression des fantassins plutôt qu'à affronter ses homologues dans le cadre de batailles rangées.

Comme l'infanterie se déplaçait à pied, la vitesse et la maniabilité du tank furent dès l'abord considérées comme des atouts de peu d'importance. Et comme les combats entre tanks constituaient l'exception plutôt que la règle, leur armement se limita pendant longtemps à un ou plusieurs canons de petit calibre et/ou à un obusier de calibre plus élevé mais sans la moindre prétention perforante, puisque uniquement destiné à soutenir l'infanterie en tirant à faible distance des projectiles à haute teneur en explosifs.

Jusqu'à la 2ème GM, le tank resta donc, grosso-modo, une énorme boîte rectangulaire hérissée de canons et de mitrailleuses, et fixée sur un châssis quasiment agricole, qu'un moteur anémique s'efforçait tant bien que mal - et plutôt mal que bien - de faire avancer. Sa faible vitesse et sa hauteur élevée en faisaient de surcroît une cible facile pour l'artillerie adverse, et d'autant plus que son blindage résolument vertical, et constitué de plaques simplement boulonnées entre elles, n'offrait qu'une protection finalement illusoire.

En dessinant le T-34, à la fin des années 1930, Mikhail Koshkin ne se doutait certes pas qu'il allait révolutionner la guerre des blindés. Rien dans sa création n'était d'ailleurs inédit en soi : les chenilles larges (diminuant la pression au sol et offrant une meilleure adhérence dans la neige et la boue), la suspension Christie (d'origine américaine et gage d'une vitesse élevée), le puissant diesel V12 de 500 CV, la silhouette abaissée, les plaques de blindage soudées et fortement inclinées (bien plus efficace à poids égal que les traditionnelles plaques verticales boulonnées ou rivetées), et la tourelle dotée d'un canon long à haute vitesse initiale (donc véritablement anti-chars) s'étaient déjà retrouvés, mais jamais conjugués, dans d'autres créations soviétiques ou occidentales.

C'était donc la réunion de ces différents éléments qui faisaient du T-34 une machine révolutionnaire et quasiment imbattable sur le Front de l'Est,... comme les tankistes allemands l'apprirent bientôt à leur dépens, ne devant leurs victoires qu'au trop petit nombre de T-34 engagés, que le commandement soviétique ne savait du reste pas du tout utiliser de manière efficace.

La production accéléra cependant rapidement, en sorte qu'à la fin de la guerre, plus de 50 000 T-34 étaient sortis des chaînes de montage (!)

Au début de 1944, l'apparition des Panther et Tiger, premiers tanks allemands véritablement capables d'affronter le T-34, entraîna le remplacement du canon de 76mm par un plus puissant 85mm, dans une tourelle agrandie, permettant à l'Armée rouge de continuer sa progression jusqu'à Berlin...

vendredi 1 septembre 2006

1272 - les tanks sur le Front de l'Est

... avec ses immenses steppes, le Front de l'Est se prêtait particulièrement bien à l'usage des blindés, qui y furent déployés en plus grand nombre que sur n'importe quel autre théâtre d'opérations.

Des centaines de tanks s'y affrontèrent fréquemment dans de gigantesques mêlées, qui trouvèrent leur apogée lors de la Bataille de Koursk (juillet-août 1943), lorsque plus de 6 000 tanks russes et allemands s'y disputèrent la maîtrise du terrain.

A l'Est, du premier au dernier jour, la guerre des blindés fut incontestablement celle du T-34 russe, apparu au début de 1940. Car s'ils n'ont inventé ni le tank ni la doctrine d'emploi du tank, les Soviétiques furent assurément les premiers à réaliser, avec le T-34, le premier char d'assaut moderne, dont la silhouette basse, les blindages inclinés (et non plus plaqués à angles droits) et le puissant canon de 76mm à haute vitesse initiale, établirent de nouveaux standards, et forcèrent toutes les armées du monde à revoir profondément le design de leurs propres véhicules.

A cet égard, l'inventivité des constructeurs allemands, et l'extraordinaire multiplicité de leurs créations (qui contraste singulièrement avec la quasi monoculture du T-34 chez les Russes) ne doivent pas faire illusion : c'est parce qu'ils ne parvenaient pas à trouver une solution satisfaisante au problème du T-34 que les Allemands durent multiplier et tester des modèles qui, dans la plupart des cas, et au moins jusqu'à l'apparition du Panther en 1943, n'étaient que des transformations plus ou moins réussies de matériels existants.

Disposant quant à eux, et dès le départ, d'une machine très supérieure à celles de leurs rivaux, les Russes purent se contenter d'en produire et d'en mettre en oeuvre le plus grand nombre possible, et se limiter à la faire évoluer par petites retouches successives, qui culminèrent en 1944 par le remplacement du canon de 76mm par un plus puissant 85mm, qui nécessita l'installation d'une tourelle agrandie.

Pour les ingénieurs allemands, la Guerre à l'Est fut donc une constante poursuite au T-34. Et pour les tankistes allemands, une longue et souvent mortelle recherche des meilleurs moyens pour l'affronter avec un équipement inférieur,... et sans y laisser leur peau.

C'est à une évocation de ces différentes machines que je vous invite tout au long du mois de septembre.