lundi 26 juin 2006

1205 - le coup de faucille

... Vaincre la France, l'écraser militairement, constituait selon Hitler la meilleure manière d'isoler la Grande-Bretagne et de la contraindre à une neutralité lui laissant carte blanche pour la véritable guerre qu'il entendait mener à l'Est.

Mais les plans élaborés par l'État-major pour vaincre la France lui paraissait trop conventionnels, trop proches de ceux déjà mis en œuvre lors de la Première Guerre mondiale, et donc trop susceptibles d'être déjoués par ses ennemis.

Hitler envisageait donc une manœuvre plus audacieuse, sans trop savoir comment la définir. Par un heureux concours de circonstances, il se trouvait qu'Erich Von Manstein - chef d'État-major du groupe d'armée A, meilleur stratège de l'armée allemande et probablement de tous les belligérants en présence - avait imaginé un tel plan, prévoyant une percée par le Sud, à travers le massif des Ardennes, pourtant réputé infranchissable aux chars.

Ce plan était pourtant loin de faire l'unanimité au sein du commandement allemand, qui fit même tout son possible pour l'enterrer. Il fallut l'intervention personnelle, et pour ainsi dire miraculeuse, de l'aide de camp de Hitler pour que Manstein parvienne enfin à exposer son plan devant le Führer lui-même, qui s'en enthousiasma à un point tel qu'il finit non seulement par l'imposer au haut-commandement mais aussi, plus tard, par s'en attribuer la paternité.

En gros, l'idée de Manstein était de faire basculer l'axe prévisible d'attaque du Nord vers le Sud. L'armée allemande commencerait donc à attaquer au Nord-Ouest, à travers la Belgique, ce qui, en toute logique, devrait aussitôt attirer dans ce pays l'essentiel des forces britanniques et françaises, qui s'attendaient précisément à une manœuvre de ce genre.

Cependant, une seconde attaque - la plus importante - serait ensuite lancée vers le Sud puis foncerait le plus rapidement possible vers l'Ouest afin de couper, telle une faucille, les armées alliées en deux. Le corps expéditionnaire imprudemment envoyé en Belgique se retrouverait ainsi coincé par la Manche à l'Ouest, et par les armeés allemandes partout ailleurs. Faute de pouvoir recevoir des renforts, il n'aurait alors plus d'autre choix que de se rendre,... Ou de retraverser la Manche à la nage

Bien entendu, ce plan comportait de nombreux risques, et notamment la possibilité que les Français, réalisant l'astuce, ne retirent plus rapidement que prévu leurs troupes envoyées en Belgique, ou ne parviennent à lancer une contre-attaque sur les flancs de la "faucille" avant que ceux-ci ne soient consolidés.

Mais Hitler était un parieur, toujours tenté par le risque maximum.

Et il gagna...

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