Rubans de Windows : la simplicité comme arme |
Très vite, ils ont découvert que le largage à haute altitude de milliers de simples rubans de papier d’étain pouvait générer de faux échos et ainsi "aveugler" un radar, à la condition d’être taillées à une longueur correspondant à la longueur d’ondes de ce dernier.
Mais début 1942, alors que chacun semblait décidé à utiliser les dites paillettes, baptisées "Windows", contre les radars allemands, Frederick Lindemann, Comte de Cherwell et conseiller scientifique en chef du gouvernement Churchill, a jeté une pavé dans la mare.
"Il souligna une évidence : si cette technique fonctionnait contre les radars allemands, elle fonctionnerait tout aussi bien contre les britanniques. Puis il posa une question qui ébranla un pays qui se remettait à peine des bombardements : que se passerait-il si les Allemands lançaient un nouveau blitz encore plus dévastateur contre la Grande-Bretagne ? Cette idée horrifia les responsables de la défense de Londres : le Fighter Command, l’Anti-Aircraft Command et le Secrétaire d'État à l'Intérieur Herbert Morrison. Tizard appuya le Bomber Command, qui était fermement en faveur de l’emploi des Windows, mais cela s’avéra insuffisant. Leur introduction fut retardée" (1)
Et l’ironie veut que, presque au même moment, les Allemands, qui envisageaient eux aussi d’utiliser des paillettes pour brouiller les radars anglais, soient arrivés à une conclusion analogue !
"Au moment où les Windows étaient testées au-dessus de l'East Anglia, la Luftwaffe testait leur équivalent allemand, Düppel, au-dessus de la Baltique. Des rapports sur les effets dévastateurs de Düppel sur le radar furent envoyés à Goering. Celui-ci les lut et fut horrifié par la possibilité que les Britanniques découvrent et emploient cette technique. Il fit détruire tous les documents et ordonna l’arrêt des recherches". (2)
(1) Randall, op cit, pp 141-142